lundi 27 juillet 2015

Raconter

J'ai vu hier un documentaire absolument fascinant, Stories We Tell de Sarah Polley. En revenant sur l'histoire de ses origines (elle a su à l'aube de la trentaine que celui qui l'avait élevée n'était pas son père biologique) et en voulant donner voix égale à tous les intervenants (i.e. tous les membres de sa famille, le père biologique, des amis de ses parents), elle propose une réflexion sur la narration elle-même, sur les détours que nous prenons quand nous racontons, sur les questions que nous ne posons jamais sur notre passé, sur toutes ces zones d'ombre.

Cela donne un film particulièrement abouti, indéniablement touchant, les deux hommes de la vie de sa mère et ses enfants évoquant avec un amour égal, mais différent, cette femme, décédée il y a plusieurs années du cancer, ce qui signifie que, bien sûr, il nous manque une voix essentielle pour comprendre entièrement l'histoire...

N'est-ce pas toujours le cas? Quand nous choisissons de partager un récit - le nôtre ou celui d'un personnage inventé -, nous le dénaturons forcément, gommant certains pans (volontairement ou non), en illuminant d'autres, transformant vérité en fiction et vice versa. Il y a quelque chose de profondément troublant dans l'incapacité humaine de transmettre une histoire sans filtrer l'information, d'opter en toutes circonstances pour la non-objectivité... Nous semblons nés conteurs.

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