Tu l'as peut-être remarqué, j'habite à un coin de rue d'un salon funéraire. Alors que la plupart des gens fuient l'évocation même de la mort, j'accepte volontiers la cohabitation de la vie et de l'après-vie. J'aime que l'on porte un soin attentif aux plantes qui ornent la façade de cet édifice, que les gens qui viennent pleurer un proche puissent aussi être témoins de la force du souffle de la nature.
L'autre soir, j'étais en train d'évoquer en des termes chaleureux ce père d'élèves trop tôt disparu, il y a trois ans déjà, un homme foncièrement bon, de bonne humeur, dans l'accueil en toute circonstance. J'avais l'impression de pouvoir m'abreuver une fois encore à sa lumière si particulière, de le voir sourire (lui arrivait-il même de se fâcher?). M qui soupait à la maison s'est rapidement senti mal à l'aise, a exigé que l'on change de sujet, que ce n'était pas gai.
Il n'a sans doute pas encore compris que les morts ne sont véritablement morts que lorsque l'on cesse de parler d'eux...
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