Ma très chère,
Il y a une vingtaine d'années, un professeur de musique d'Ottawa rencontré lors d'une soirée amicale à Montréal, m'avait intimé que l'art de la chanson est principalement l'affaire du parolier et des arrangeurs/réalisateurs, le compositeur s'en tirant avec la partie facile du travail. Je n'ai jamais remis en doute son assertion, bien que j'ai toujours considéré qu'une chanson excellente représentait autant de travail pour le compositeur que pour le parolier; il me faut bien prêcher pour ma paroisse! Aujourd'hui, en revenant à ce blogue — à l'écriture tout court —, après quelques jours (des siècles, puis-je dire) de silence, je comprends on ne peut mieux ce que voulait dire l'enseignant. Lorsqu'on s'absente quelques heures, quelques jours, d'une occupation régulière, le retour à celle-ci peut s'avérer pénible, et la résurrection qu'il fait poindre douloureux.
Je suis néanmoins heureux de revenir ici, sorte de prolongement de notre conversation téléphonique d'hier, après plusieurs jours sans se parler ou s'écrire. Tu sais mieux que personne que j'ai longuement étudié, analysé, contemplé, ces dernières années, les hauts et les bas de ce que m'offre ma vie, à la recherche d'une assise, d'une fondation solide pour mieux créer. Quelques rencontres récentes m'ouvrent à de nouvelles perspectives professionnelles et artistiques. C'est pourquoi il m'est peu plus difficile de m'abandonner au silence de l'écriture. Sans parler de l'été qui virevolte en douceur. C'est, d'ailleurs, le plus bel été de ma vie, so far.
L'écrivain est au repos, certes, au grand profit du musicien. Mon colocataire m'a laissé prendre soin de son excellent piano Yamaha, sur lequel je m'abandonne quotidiennement à raison de préludes et chansons en matinée et en soirée. Mon amour de la musique grandit, continue à s'affranchir des peurs de l'homme longtemps sans repaire, sans père.
L'amour de la musique est gratitude.
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