Je suis passée de Bach à Mozart ce matin, par défi peut-être. Je sais bien combien il est difficile de rendre correctement les subtilités du compositeur quand il y a de l'interférence, tant que l'on n'a pas accepté de se dénuder entièrement devant lui. La première sonate jouée, la K. 332, a manqué un peu d'aspérités. Le mouvement lent ne respirait pas entièrement, je sentais la précipitation dans la phrase, dans le geste. Un délié cohérent cependant a récompensé mes efforts dans le mouvement rapide.
J'ai tourné la page, des dizaines de fois, ai traversé d'un même souffle ou presque la K. 333 - tu te rappelles, le début m'avait permis de « reconnaître » Wolfie, ce matin de décembre, il y a presque 10 ans de cela -, puis celle en do mineur K. 475. Même si je continuais de presser les tempi, les réflexes revenaient, me permettant d'éviter les embûches. J'ai joué le premier mouvement de celle en si bémol, K. 570, puis ai bifurqué vers la dernière, la première pour moi, K. 576, celle que j'ai travaillé sur une période de trois ans à l'adolescence - un mouvement par année -, les deux premières sous la tutelle de Sœur Marie Faucher, qui serait foudroyée par le cancer en moins de deux mois en un automne, celle qui m'appelait - je n'ai jamais su pourquoi - « mon petit loup à la queue coupée ». Même si je semble avoir oublié l'intonation exacte de sa voix, j'ai presque senti son parfum suranné dans la pièce, la douceur de ses mains sur mon dos. Enfin, j'avais atteint l'accord - toujours à renégocier - avec la pièce, avec l'instrument.
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