vendredi 14 août 2015

Choc incantatoire

Camille Claudel, La vague
« Notre étreinte aveuglante et le choc incantatoire de nos deux corps, me terrassent encore ce soir, tandis qu’au terme de cette aube incendiée je me retrouve couché seul sur une page blanche où je ne respire plus le souffle chaud de ma blonde inconnue, où je ne sens plus son poids qui m’attire selon un système copernicien et où je ne vois plus sa peau ambrée, ni ses lèvres inlassables, ni ses yeux sylvestres, ni le chant pur de son plaisir. Désormais seul dans mon lit paginé, j’ai mal et je me souviens de ce temps perdu retrouvé, passé nu dans la plénitude occulte de la volupté. » (p. 32) 

« Écrire est un grand amour. Écrire, c’était t’écrire; et maintenant que je t’ai perdue, si je continue d’agglutiner les mots avec une persévérance mécanique, c’est qu’en mon for intérieur j’espère que ma dérive noématique que je destine à des interlocuteurs innés, se rendra jusqu’à toi. Ainsi, mon livre à thèse n’est que la continuation cryptique d’une nuit d’amour avec toi, interlocutrice absolue à qui je ne puis écrire clandestinement qu’en m’adressant à un public qui ne sera jamais que la multiplication de tes yeux. » (p. 79)

Comment peut-on encore oser écrire après avoir lu Prochain épisode d'Hubert Aquin, premier roman dense, brillant, à la fois étouffant et libérateur, la folie nous accueillant dans ses méandres, l'amour fou nous laissant tout simplement pantois?

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