mardi 4 août 2015

Wolfgang

L’écriture me manque comme une femme – ou plutôt comme la caresse d’une femme. Car la femme est là, sinueuse, ricaneuse, indolente, tour à tour prudente et impudente lorsqu’un naufrage s’installe au creux de son lit. La femme est le réveil à la mort qui approche, elle sourd la rencontre d’astres étrangers. Faut-il se rappeler que les plus beaux paysages sont un amalgame d’étranglements.

C’est Mozart qui m’écoute vous entendre, se pose en silence et me chuchote une aube longue et tragique. L’Andante du Concerto en do majeur K467. S’il n’y avait qu’un seul concerto parmi tous les concertos, ce serait celui-ci. Un mouvement altier, d’une fécondité inégalée, ensoleillée si opaque et si lisse que nous échappent ses ténèbres éclatantes qui sont le socle de sa puissance pacifiée. Avec Mozart, en Mozart, face à Mozart, je déclare solennellement que l’écriture m’a manqué et me manque, la musique me le chante quand je me réveille, à la puissance fff lorsque je me trouve dans les bras d’une femme. Il n’est de musique plus hautement gratifiée que celle qui nous délivre de nos vies abrégées par les dettes et les affections. La musique n’est pas une affection, mais une atteinte. Du reste, rappelons-nous qu’il n’y a pas mérite à être musicien, c’est comme quand on reçoit une bénédiction, on n’en parle pas, on fait avec, pour le meilleur de nos vies et celles d’autrui. La musique invoque l’asile de ses paradoxes, répercute son aversion des masques dans la crainte et la nuit, elle pousse sa haine de la hiérarchie, pleure les tombes d’injustice et de pitié, elle s’assèche des limites de sa tristesse, à la rescousse de son passé, encore.  


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