mercredi 12 août 2015

Rodin vu par Rilke

« L’être humain qui se lève la nuit et se rend sans bruit auprès d’un autre, ressemble à un chasseur de trésors qui veut dénicher le grand bonheur, qui est si nécessaire au carrefour du sexe. Et dans tous les vices, dans tous les plaisirs contre nature, dans toutes ces tentatives désespérées et perdues, de trouver un sens infini à l’existence, il y a quelque chose de cette nostalgie qui fait les grands poètes. Ici, l’humanité a faim de quelque chose qui la transcende. Ici, les mains se tendent vers l’éternité. Ici, des yeux s’ouvrent, et contemplent la mort sans la craindre; ici s’épanouit un héroïsme sans espoir, dont la gloire vient comme un sourire et passe, fleurissant et se fanant comme une rose. Ici sont les tempêtes du désir et le calme plat de l’attente; ici sont les rêves qui se transforment en actes et les actes qui se perdent en rêves. Ici, comme dans un gigantesque casino, l’on gagne ou l’on perd une fortune d’énergie. Tout cela est contenu dans l’œuvre de Rodin. Lui qui était déjà passé par tant de vies trouva ici la plénitude et l’abondance de la vie. » 
Rainer Maria Rilke, Auguste Rodin 

Rodin, La Danaïade

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