jeudi 13 août 2015

Le retour du balancier

Nous avons presque toujours été en opposition ou plutôt en parfait équilibre dans notre relation aux mots et à la musique. Quand tu t'es senti plus musicien, les mots prenaient le dessus chez moi. Si tu sens le retour des mots, d'une façon ou d'une autre, la musique redeviendra sans doute nécessité chez moi. Je te l'ai déjà dit. Si je devais choisir entre les mots et la musique, qu'il s'avérait impossible de les concilier (ce que je ne souhaiterais en aucun cas, les projets et les formes hybrides ayant toujours été mes préférées), dans cette vie-ci ou la prochaine, je choisirais la musique. La consolation plutôt que la blessure. Le travail toujours inachevé plutôt que celui que l'on accepte un jour de laisser partir. La langue universelle plutôt que la temporelle.

Après toutes ces heures passées à l'instrument, à guider de jeunes musiciens, en salle, j'aurais pu devenir complètement blasée. Parfois, j'ai l'impression d'atteindre un point de saturation. (Je peux en dire autant de la fin de la saison théâtrale.) Pourtant, il s'agit que je sois témoin d'une rencontre unilatérale entre un auditeur et une musique, que je vois un visage bouleversé par la découverte d'une nouvelle pièce - ou la rédécouverte d'une pièce aimée - pour que je réalise que je ne pourrais pas cesser entièrement de servir la musique, que jamais les mots ne seront capables d'une telle magie.

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