samedi 8 août 2015

Ondine

Bien sûr, celle-là, je ne pouvais passer outre. Pendant des années, ce prélude de Debussy m'a servi de pseudonyme dans cet autre laboratoire d'écriture, maintenant disparu. Je suis fille d'eau, fille d'île, me suis toujours sentie apaisée par la contemplation de l'océan. J'aime cette opposition entre force et douceur, imprévisibilité et constance.

J'ai travaillé ce Prélude au Centre d'arts Orford, l'été de mes 16 ans, avec André-Sébastien Savoie. Il avait une patte énorme (ses doigts restaient coincés dans les touches noires s'il n'y prêtait pas attention), mais surtout d'une étonnante délicatesse. Il se fondait dans le son, l'extrayait du néant, ne produisait jamais un son qui fût laid ou indûment percussif. Je ne sais même pas pourquoi il a choisi cette pièce pour moi, s'il a même deviné qu'elle me collerait à la peau toutes ces années. Je m'y glisse toujours avec plaisir, aime sentir les touches sous la pulpe de mes doigts, comme il me l'avait enseigné.

C'est d'ailleurs cet été-là que je réaliserais que la musique ferait partie de ma vie professionnelle. On ne se refait pas tant que ça...

(Catherine Collard joue également ici Feux d'artifice, travaillé quelques mois avant Ondine, d'une toute autre couleur, mais que j'aime encore beaucoup.)

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