ceux des autres,
ceux que je n'ai pas le temps d'écrire,
ceux qui ont un goût illicite,
ceux qui restent pris dans la gorge,
ceux qu'on ne dira plus,
ceux qu'on a oubliés de murmurer au creux d'une oreille.
J'avale des notes,
celles de Bach, de Schumann, de Mozart,
celles qui chantent, qui dansent,
celles qui hurlent, qui déambulent,
celles qui permettent de réinventer le monde,
celles que j'aurais voulu écrire.
J'avale le temps autant qu'il m'avale.
Parfois, je mets le genou à terre devant lui,
parfois je profite de sa distraction
pour lui voler un thé bouillant,
un sourire,
un hochement de tête,
un œil ourlé de larmes,
un baiser oublié,
une rencontre impromptue,
le douloureux plaisir de l'attente.
J'ai lu ce texte il y a déjà plusieurs jours et il continue de générer un questionnement dans ma petite tête. :-) En fait, c'est le choix du verbe qui ne cesse d'habiter mes pensées : Avaler. Ce terme, pour moi, a un sens fort associé à la disparition, la fin de quelque chose. Il est plus intense que simplement manger, il est... comment dire... définitif je crois. Or, ces mots, ces notes, ce temps se renouvellent sans cesse et rien n'est ici jamais définitif. Bref, il s'agit sans doute de ma seule perception, mais ça restait là, dans mon esprit, alors j'ai décidé de le partager pour que peut-être... mon ordinateur « l'avale » et que j'en soit libérée ! :-D Ou plus certainement pour que tu me guides sur le chemin que tu as suivi pour effectuer ce choix. ;-)
RépondreEffacerIntéressant ce retour... J'admets ici avoir transformé un texte trouvé dans mes cartons, écrit il y a quelques années donc, qui me semblait tout de même pertinent. Pour moi, avaler est en effet associé au côté plus goulu de l'action que manger. Il y a aussi la connotation que j'en prends aussi peut-être plus que j'en ai besoin, comme quand on ne savoure pas nécessairement chaque bouchée. Il faut espérer que de tous ces excès, il restera quelque chose bien sûr. Une volonté de tout accepter, lire, écouter, vivre... et de laisser le tout décanter après.
RépondreEffacerMerci !
RépondreEffacerTu es une affamée de la vie !!! :-) C'est bien ainsi que je l'avais senti, mais l'emploi des verbes est au coeur de mes réflexions en ce moment, alors... je questionne, je décortique.
Par exemple, dans le même registre, « dévorer » peut sembler de prime abord plutôt bestial, or on dévore un livre, on dévore quelqu'un des yeux et le verbe ne signifie plus dès lors que passion. Le sens a glissé.
Je retourne à mes réflexions et te souhaite une belle fin de superbe dimanche ! :)
Dévorer aurait pu tout aussi bien pu remplacer avaler dans le cas présent, d'ailleurs.
RépondreEffacerUne très belle fin de weekend à toi.