Étrange expérience cet après-midi avec Plaza de Nini Bélanger, une non-production théâtrale (on est ici dans l'hyperréalisme) campé dans la Plaza Côte-des-Neiges, lieu mythique s'il en est un (du moins pour ceux qui ont habité dans ce quartier). Pendant un quart de siècle, j'ai fréquenté ce centre commercial sur une base régulière. Ma mère m'y amenait pour m'y trouver des vêtements (mes jambes de girafe rendaient l'opération pantalons cauchemardesque alors), mon père passait chez Canadian Tire (si je me souviens bien, mon premier vélo y a été acheté), parfois nous arrêtions au Distribution aux consommateurs pour récupérer une babiole ou l'autre. Il y avait toujours ces gens assis au Picnic (étaient-ce les mêmes?), mais nous n'y avons jamais pris de collation. L'expédition avait toujours un but.
À l'adolescence, j'y ai pris des cours de couture. Plus tard, je continuerais d'y faire quelques emplettes, d'y voir des films (j'ai vu Chaplin avec Robert Downey Jr. dans ces salles, mais aussi quelques films avec mes élèves quand j'entretenais cette tradition annuelle avec les adolescents), mais seulement de façon épisodique.
D'aussi loin que je me souvienne, le lieu a été hanté. Les commerces changeaient de noms et de fonctions au fil des fins de baux et, de ce fait, on ne savait jamais entièrement ce qu'on y trouverait la fois suivante, qui on allait croiser au détour d'un corridor très souvent plus ou moins éclairé.
En y retournant cet après-midi, en y passant une heure, à y déambuler, m'y asseoir, observer les autres (c'était après tout le but de l'exercice), je ressentais un vertige certain. Celui de la page blanche, des codes que l'on a abolis (Où commence le théâtre? La vie?), celui que l'on ressent avant de se jeter dans le vide.
J'ai remarqué ici, ailleurs et dans certains de tes messages privés, l'emploi (assez souvent ces derniers temps) du mot « vertige ». Ce dernier est ambigüe je trouve, il comporte à la fois de l'appréhension , mais également une sorte d'adrénaline; un malaise et une euphorie...
RépondreEffacerPar ailleurs, ton billet me renvoie à l'une de mes récentes lectures : « Quartier lointain » Jirô Taniguchi où le protagoniste retourne au sens propre dans son enfance lui aussi. Il va, à la faveur de ce voyage, entrevoir la possibilité de changer le cours des choses et, en particulier (attache ta tuque Lucie ! )... d'éviter la disparition de son père !!! :) Forcément, cette lecture a eu un écho fort chez moi comme ce serait je crois le cas pour toi. Mais, la question que tout ceci apporte est bien celle de savoir si nous aimerions changer quelque chose de notre enfance... à bien y réfléchir, pour ma part, je crois que non.. malgré tout.
C'est une bonne description du mot vertige, en effet à la fois positif et négatif.
RépondreEffacerRetourner en arrière et changer quoi? Nous demeurerons toujours la somme de nos choix, de nos blessures. En "arrangeant" un truc, dieu seul sait quoi d'autre pourrait prendre le bord. J'aime bien cette idée néanmoins exprimée dans Quartier lointain. Je vais essayer de le réserver à la bibliothèque, tiens.