Chère Elle,
Merci d'avancer le premier pion. Dans Le métier de vivre, Cesare Pavese écrit : « L'unique joie au monde c'est de commencer. » Même s'il y a longtemps que l'on se connaît —15 ans déjà, que ça passe vite! —, je ne sais pas si tu sais combien l'idée de commencer quelque chose me fait peur. Nous avons discouru de tant de sujets que je peine à me souvenir de ceux que nous n'avons pas abordés. Par contre, je sais que ce commencement n'en est pas un réellement. Oui, notre relation épistolaire ferait probablement des jaloux, idem pour nos entretiens téléphoniques (presque quotidiens, qu'on se le dise!), où l'humour et les associations libres (de musique et de littérature surtout) témoignent d'une effervescence certaine du champ des possibles. J'espère que nos écrits seront en quelque sorte le prolongement de cette effervescence.
J'ajouterai que ma joie d'écrire ici tient surtout de la certitude que je serai lu. Je veux dire bien lu. Samuel Beckett disait : « J'écris pour une voix. » Laquelle? Je ne connais pas assez bien l'auteur de Molloy pour en parler. N'empêche que cette voix, ici, c'est toi. Au reste, que cet échange soit partagé au public me réjouit particulièrement. Si par le biais de ces lignes, je puis être « absolument moi-même », j'aurai tenu le pari d'une certaine intégrité artistique. Sans elle, à quoi bon vivre?
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