jeudi 28 mai 2015

Le travail de l'artiste

Parfois l'artiste reçoit des fleurs (tangibles ou non), parfois on lui transmet le pot. Parce que l'autre ne comprend pas, ne réalise pas la portée de ces périodes que l'on pourrait qualifier d'incubation, quand en apparence rien ne semble se produire, mais qu'en réalité, bouillonnent ou se déposent impressions latentes, émotions brutes, que les gestes créateurs naissent sans même que l'on en ait conscience. Ce n'est après tout que le jour où l'idée, le motif, la mélodie surgiront de ce terreau toujours fertile que nous aurons nous-mêmes compris - ou au moins pressenti - comment telle lecture, tel spectacle, telle contemplation de paysage, telle rencontre auront profondément influencé celui ou celle que nous sommes devenus.

Il n'y a pas de hasard. Hier soir, tu revenais de vive voix sur cette expérience de violence indirecte, de profonde incompréhension que tu avais vécue, des questionnements que celles-ci avaient suscités en toi. Ce matin, je suis tombée coup sur coup sur l'allocution d'ouverture du FTA de Martin Faucher et cette traduction libre d'un texte rappelant le rôle parfois ingrat de l'artiste.

Le propos résonnant bien sûr en moi, je m'attendais qu'il en rejoindrait d'autres. De nombreuses marques de soutien avaient été déposées en commentaires, mais tout autant de remarques acerbes, arguant que c'était le courage des gens « normaux  », des gagne-petit, qu'il fallait saluer et non la folie de ces rêveurs, de nous rêveurs. 

« Nous avons moins besoin d'adeptes actifs que d'adeptes bouleversés », souhaitait Artaud. On n'y est pas encore... mais nous continuerons d'avancer, n'est-ce pas?

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