Déposés ici et là, au milieu des lampes interactives magiques, de petits îlots de spectateurs, dont quelques auteurs. Paradoxe sans doute, j'aurais pu échanger avec celui ayant commis l'un de mes deux textes favoris (une histoire qui mettait un musicien en jeu, comment y résister?), mais n'avais aucune conscience de sa présence. Cette pénombre qui nous entourait permettait l'isolement et une appropriation intime, presque charnelle des textes, mais ne favorisait pas les échanges.
Mon texte était le neuvième de dix à être lus. Une certaine fébrilité aurait pu s'emparer de moi dans l'attente, mais j'étais sereine, confiante, et puis surtout heureuse de découvrir les mots des autres, d'établir des liens entre les univers, de n'être pour une fois que simple spectatrice.
Une émotion réelle m'a saisie à l'écoute d'Éclaircie. La comédienne (Mélanie Chouinard) lui a fait honneur, ne précipitant pas la livraison, laissant à chacun le temps d'y superposer un contrepoint secret. Impossible de faire autrement sans doute avec un texte presque entièrement écrit au conditionnel. Bien sûr, je connaissais les mots, enfants de mon esprit, mais ne les avais pas revisités depuis des mois, même en pensée. Cela m'a permis une certaine distance, presque critique... jusqu'à ce que la guitare de Sylvain, sensuelle, presque évanescente, s'immisce dans les interstices du texte, ramenant d'un seul coup à la surface les émotions ressenties lors de sa création, me rassurant sur la pertinence même du geste créateur. J'ai senti une larme affluer, écho à celle évoquée dans le texte, ai jeté un coup d’œil discret à M, à mes côtés.
Je me suis dit que j'avais été bénie des cieux le jours où mes parents ont déposé dans mon berceau leur amour des mots et de la musique.
La magnifique illustration qu'a tirée Claudia Bilodeau de mon texte. |
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