lundi 11 mai 2015

Ostensible

J’aimerais revenir brièvement à cette soirée d’échange de livres. Il est évident que le choix d’un tatouage sur l’avant-bras, en guise d’officialisation des liens du mariage (ou des fiançailles), ne changera rien au destin de celui-ci. L’idée me parait, disons, originale, sans plus. La pléthore de tatouages et de corps tatoués que l'on voit partout m’empêche de montrer plus d'enthousiasme. Certes, le corps sans tatou est plus susceptible de remporter le premier prix pour l'originalité.

Au reste, je crois que les notions de fidélité et d’engagement se passent volontiers de démonstrations ostensibles. À l’apparition du bonheur, point de mots — comme le dit si bien André Gide : « Notre bonheur, durant cette fin de voyage fut si égal, si calme, que je n'en peux rien raconter. Les plus belles œuvres des hommes sont obstinément douloureuses. Que serait le récit du bonheur? Rien, que ce qui le prépare, puis ce qui le détruit, ne se raconte. » (L’immoraliste)

Il y a quelques années, dans une brûlerie, un voisin de table, homme barbu, plutôt religieux, m’avait lancé :  « L’amour ne se dit pas. » Ascétisme ou déliement affectif? Peut-être les deux. N’empêche que ses mots résonnent encore en moi aujourd’hui. Quand mon père m’a dit pour la première fois je t’aime, j'avais trente ans; c'était par courriel, j'avais longuement pleuré, assis au coin de mon lit, écoutant le troisième mouvement de la Sonate pour piano opus 109 de Beethoven. Heureusement, ses autres je t'aime furent beaucoup moins douloureux.


Je reviendrai un peu plus tard sur ta langue paternelle, sujet trop important pour être abordé à cette heure de la nuit!


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