mercredi 6 mai 2015

Vide

Une impression de se jeter dans le vide quand même. Une saison qui devrait en être une de transition, mais qui se transforme en explosion. De chaleur, de couleurs, de questions. Pour la première fois depuis des lustres, aucun drapeau rouge dans ma boîte. Troublée par le constat. Paralysée d'une certaine façon. Même si cela ne durera pas, bien sûr.

Je n'aurais qu'à m'asseoir au piano. Un geste simple en apparence. Ouvrir une partition. Bach, pour réveiller les neurones en même temps que les muscles. Pourtant, j'hésite, pétrifiée. Combien de semaines passées loin de lui l'amant de bois peut-il tolérer avant de me cracher au visage, me rappeler que l'art ne peut naître que de la répétition du geste, de l'assimilation de codes, d'une réflexion concertée sur le sens d'une phrase, sur le poids de chaque note - à prendre ici au sens mécanique autant que philosophique?

Pourquoi avons-nous tous les deux peur de la musique depuis quelque temps? Pourquoi suis-je terrifiée à la pensée de retrouver ma langue maternelle?

Une demi-heure tout au plus avant que l'élève ne débarque. Quelques préludes et fugues tout au plus. Avancer sur le pont de cordes et rejoindre l'autre rive. Johann Sebastian m'y attend.

Vertige...

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