« Prendre soin de la blessure, tel est le rôle du poète, de l’écrivain, de l’artiste. »Je reviens une dernière fois sur le recueil de Louise Warren, Objets du monde – Archives du vivant, avant de le ranger dans ma bibliothèque – ou plutôt notre bibliothèque commune. Elle y écrit aussi:
« L’idée même du pansement pour soigner la blessure provient étonnamment du mot qui désigne la pensée. Un écrivain agit de même en pensant, c’est-à-dire en enveloppant la blessure du tissu de sa voix, du tissu de sa matière, de son être, il la soigne, la guérit, toujours dans l’inachèvement. Ce n’est pas une décision volontaire, cela se fait à son insu. »Écho à ta dernière réflexion d'une certaine façon, qui m'a permis de constater que, malgré les années, je ne connais encore pas tout de toi et que – heureusement d'ailleurs –, tu réussis encore et toujours à te dévoiler autrement.
L'angoisse comme question plutôt que comme réponse. Oui, sans doute, car de celle-ci peut – doit – naître autre chose. Rien peut-être n'est plus gratifiant que de transcender ses limites, qu'elles nous aient été imposées ou que nous les ayons nous-mêmes fixées. Combien d'années perd-on à contempler ces dernières, avec une certaine impuissance, alors que, fruits de l'esprit, elles pourraient être abolies d'un même souffle?
L'artiste est-il condamné à une certaine détresse? Celle-ci ne peut-elle pas être considérée comme un état passager, de transition, un déséquilibre à apprivoiser, à maîtriser, autant d'impondérables qui, au fond, nous permettent d'avancer? Quand on se libère d'entraves, n'a-t-on pas l'impression d'être propulsé plus loin, plus rapidement, avec plus de force?
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