Ta réponse ce
matin a pour moi l’effet calmant d’un elixir. Ma réaction, un brin impulsive, je l’avoue,
avait fait ressortir quelques souvenirs d’amis et de membres de ma famille, lesquels jugeaient rustaudement que de façon générale, les artistes « ne font
rien ». Refrain du philistin accompli qu’on continuera d’entendre as long as the world keeps on turning. Tout ceci me fait penser à une phrase de Virginia
Woolf découverte à la fin des années 90, dans un hors série de je ne-sais-plus quel magazine d’art français (je cite de mémoire) : Les gens n’ont aucune idée du temps qu’un
artiste doit passer à ne rien faire pour devenir un génie.
Certes, l’incident
d’hier a interféré avec ma réponse à ton expérience récente de la magie
d’Artaud. J'avoue que je t'ai rarement vue aussi enthousiaste devant une performance
scénique. D’Artaud, je me souviens surtout des lettres enflammées envoyées
à Jacques Rivière (publiées dans L’ombilic des
limbes), alors directeur de la Nouvelle Revue Française – qui, curieusement, est mort au
même âge que Chopin, Blaise Pascal, Cléopâtre, Edgar Allan Poe, Pierre Mercure,
Boris Vian... C’est la première fois, je pense, qu’un épistolat, fragmentaire
dans cas-ci, m'a donné l’envie... de faire du théâtre. Tant de déraison, de
désespoir et de candeur jonchés sur une tour d’ivoire, et l'analogie qui me frappe en ce moment est la vie météorique de Kurt Cobain. Si
seulement Cobain avait identifié en chemin son Jacques Rivière!
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