Le projet Des gens et des choses m'a certainement permis de réfléchir au rôle qu'occupent les objets dans notre quotidien. Si, cette nuit, la maison brûlait et que je ne pouvais sauver qu'un seul objet, lequel serait-ce? Y a-t-il une seule chose au fond pour laquelle je serais prête à risquer ma vie?
Impossible de considérer sortir des lieux avec un de mes pianos. Alors? Tenterais-je d'extraire mon ordinateur des flammes? Tant de textes qui s'y trouvent ont été dispersés aux quatre vents déjà. La photo de la famille de mon père? L'album que j'ai monté avec ses articles plutôt, irremplaçable, à moins que je ne passe des heures infinies à décrypter des microfilms aux Archives nationales (et je doute que tous ses textes aient été répertoriés). Mais il resterait encore le souvenir de sa plume, de ses emportements, de son profond accueil de l'autre, surtout quand giflé par la vie. On ne meurt réellement que lorsque l'on a arrêté de parler de vous, n'est-ce pas?
Au cours de la dernière semaine, je me suis défait non pas d'objets réels (hormis quelques livres que je ne relirai jamais), mais d'autres, immatériels, presque intangibles. J'ai balancé une correspondance complète dans le cybernéant, mais aussi, geste sans doute plus symbolique, Cahier d'esquisses, écritoire sous pseudo dans lequel j'ai consigné pendant six ans instantanés du quotidien (mais souvent tellement trafiqués qu'à la lecture des textes, je ne peux me souvenir précisément des lieux et des circonstances évoqués) et premières nouvelles. Un léger vertige quand j'ai appuyé sur « supprimer », mais une certaine sérénité aussi. Je n'ai plus besoin de me dissimuler derrière un masque pour que ma parole s'émancipe d'elle-même.
J'ai hâte de te relire.
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