Un moment unique restera pour moi cet instant où je t'avais interprété une réduction du mouvement lent du Concerto K. 488 de Mozart, intégrant quand cela était possible la partie d'orchestre à la ligne soliste. Nous avons vécu ce soir-là un moment de grâce absolue, qui ne pourra jamais être reproduit exactement, ce qui rend cet instant d'autant plus miraculeux.
Dans Charlotte, David Foenkinos avance:
« Il existe un point précis dans la trajectoire d'un artiste.Le moment où sa propre voix commence à se faire entendre.La densité se propage en elle, comme du sang dans l'eau. »
Je me suis demandé si je pouvais en effet mettre le doigt sur ce point de non-retour. Était-ce lors de la publication dans le journal de l'école de mon conte Du beurre d'arachides sur Saturne (tu peux sourire à la lecture de ce titre) en sixième année du primaire? Était-ce plutôt après ce concert-midi à l'école secondaire, alors que j'avais accompagné une chanteuse dans un répertoire mixte? Je me souviens combien, cet après-midi-là, je n'avais pas porté à terre, réalisant pour la première fois de façon aussi limpide le plaisir pur que pouvait procurer la musique. Je n'ai jamais tenté de nier depuis son emprise.
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