« Tu n’es présent sur aucun de ces portraits, ni sur ceux accrochés aux murs ni dans les albums qui se trouvent chez maman, comme si tu les avais désertés. Sur plusieurs, je t’y sens pourtant en creux, presque visible. Tu viens tout juste de les quitter en te glissant sous le papier. » (Marise Belletête, L'haleine de la Carabosse)Parfois me reviennent, par bouffées, comme des piques, des souvenirs de ce père disparu il y a si longtemps. Ai-je choisi les mots et la musique parce qu'ils étaient les deux pôles de sa vie? M'a-t-il transmis ceux-ci dans mon patrimoine génétique? Espérait-il, en me voyant constamment plongée dans un livre, arpentant chaque semaine en sa compagnie les allées de la bibliothèque municipale, que je suivrais ses traces, moi l'enfant de la vieillesse, certainement pas de la sagesse?
Tu te souviens de ce matin-là, gris, quand j'avais décidé qu'il était temps que tu le « rencontres » enfin, de la frénésie presque compulsive avec laquelle je cherchais des repères dans les rangées de tombes, de cette impossibilité d'abdiquer? L'envie monte en moi d'y retourner, d'y amener cet autre...
Photo: Lucie Renaud |
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