De la difficulté à terminer ce que je
commence. Au Café Olimpico, mon latté
sur la table, je constate, non sans stupéfaction, combien je puis ressembler à
la clientèle masculine du café. Sommes-nous tous, nous les hommes du Mile End, à ce point
analogues? À la file d’attente, un client attend de commander. Longiligne,
de taille moyenne, il est vêtu comme moi d’une veste en corduroy (la sienne avec des coudes
en cuirette), de Converse All-Stars, d’un pull de laine par dessus une chemise couleur
clair et d’un pantalon en denim. Au visage, des lunettes, une moustache soignée et une barbe de quelques jours. Je l’observe, abasourdi, réalise que s'il n'eut été de ses cheveux bouclés (les miens sont lisses), cet homme serait la copie calque de votre serviteur! Parce que nous portons les
mêmes vêtements – l’a-t-il remarqué? – j’ose espérer que nous partageons aussi quelques
affinités d'ordre littéraire et musical. Ou encore que notre goût des femmes n'est pas si dissemblable. Les aime-t-il comme moi minces et déjantées?
Plus que les affinités littéraire ou musicale,
c’est avant tout quelque aspect de l’essence féminine que lui et moi partageons. Parce qu’il est plus jeune que moi (début trentaine environ), sa
masculinité semble encore en construction, pour ne pas dire en chantier. Au fait, ce chantier, le mien, le sien, le vôtre, aboutira-t-il un jour?
Je m’enchante d’être au café ce matin, reconnaissant d’avoir une matinée juste pour moi. Oui, cette journée
pour moi seul, où je n’ai à vaquer à aucune occupation particulières, me comble. C'est ça, je pense, que de se laisser
diviniser.
Le Mile End est le quartier des beaux
souliers.
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