La magie de Chopin... Pourquoi ne fonctionne-t-elle pas toujours pour moi? Pourquoi n'ai-je plus besoin de revisiter le compositeur sur une base régulière, alors que je ne pourrais jamais me passer de Bach, père de tous les autres au fond, celui qui a permis que la musique de concert telle que nous la concevons aujourd'hui prenne son envol? Peut-être parce que j'ai trop souvent l'impression de voir à travers son ornementation, de comprendre comment l'illusion est créée?
Dans les Mazurkas, que certains considèrent son journal intime, une certaine opacité s'installe ou plutôt une superposition de couches de sens. Chopin s'y révèle entièrement, dans toute sa fragilité, en dépit de la forme musicale d'une grande simplicité, de ce rythme pointé qui bloque autant qu'il libère la respiration, de ce deuxième temps appuyé. La nostalgie de la terre natale, l'impression de ne jamais être entièrement à la bonne place, le besoin de dissimuler derrière des mélodies accrocheuses la douleur qu'il porte chevillée au corps depuis la petite enfance... et puis, cette impression d'être un imposteur, de ne pas avoir fait les grandes écoles, d'avoir bricolé au fur et à mesure ses fondements harmoniques, sa structure pédagogique. Peut-être est-ce au fond la raison pour laquelle il restera toujours ton grand frère spirituel et pour moi un amour de jeunesse auquel on continue de vouer une tendresse presque mélancolique...
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