Photo: Lucie Renaud |
Jour après jour, je défends la culture d'ici: nouvelle littérature qui s'est enfin émancipée de l'ombre du colonisateur, musique contemporaine vibrante et interprètes exceptionnels qui la font leur, dramaturgie intransigeante qui parfois se cherche, qui n'a pas peur de nous renvoyer au visage nos incohérences. La question de l'identité, je la fais mienne au quotidien. J'étais à la bibliothèque hier et ai ramassé Sœurs de Wadji Mouawad (que j'avais ratée au Théâtre d'Aujourd'hui), le premier roman adulte de Charlotte Gingras, un vieux numéro de Nouveau projet (publication toujours d'une rare pertinence), quatre films (trois de réalisateurs québécois, l'autre mettant en vedette un acteur d'ici).
Pourquoi, alors, ne me reconnaissais-je pas dans la proposition de Fête nationale sur les Plaines d'Abraham? Une impression par moment de travail bâclé sur scène, d'indolence dans la foule aussi. On prend une bière et on oublie le reste: la job, le train-train quotidien, la cohabitation parfois difficile avec l'autre. Pourtant, on attrapait quelques regards brillants, une main tendre était passée sur le dos d'une compagne, des fleurs de lys ornaient les joues. Les jeunes n'avaient même pas peur d'entonner avec les autres le refrain de Quand on est en amour de Patrick Normand. Nous avons même vécu un instant de magie réelle, de beauté suspendue, quand une Salomé Leclerc fragile et forte à la fois a interprété Le répondeur de Dédé Fortin.
Photo: Lucie Renaud |
Ce matin, je me suis levée et ai ressenti le besoin d'écouter Si on avait besoin d'une cinquième saison d'Harmonium. Certains vers avaient une toute autre saveur...
besoin d'écouter
Une chanson juste pour toi
Juste pour me dire grouille-toi
Une chanson pour m'haïr
Parce que j'ai pus rien dire
...
On voulait chanter dans la rue
Pour êt' moins perdu
Pis c'est la rue qu'on a perdue
...
Une chanson d'un parti
Qui fait p'us partie d'ici
Une chanson pour repartir
Loin du grand musée de cire
...
Si c't'un rêve, réveille-moé donc
Ça va être not' tour, ça s'ra pas long
Reste par icitte, parce que ça s'en vient
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