Attente

Le beau temps m'a tenu loin de la machine tout le weekend. Rien de plus jouissif peut-être que d'avaler des dizaines de pages dans le calme de son jardin, par un bel après-midi ensoleillé. J'ai abordé Dany Laferrière par L'énigme du retour et ai eu envie de le découvrir en « écrivain japonais », un ouvrage somme toute festif sur la processus de création. « Un lieu et un nom, et je n'ai besoin de rien d'autre pour commencer un roman. » 

Une envie m'est venue ensuite de plumes féminines, histoire peut-être de contrebalancer la posture de Laferrière. J'ai dévoré Blues nègre dans une chambre rose de Jennifer Tremblay, l'histoire d'un amour impossible, raconté du point de vue de celle qui attend cet inatteignable chanteur de blues, vedette de la scène, toutes ces années. 

Les femmes attendent toujours dans les romans, dans la vie aussi peut-être. Je me demande ce que cette histoire donnerait, raconté de son point de vue à lui, celui qui sait pertinemment (pour on ne sait quelle raison) qu'il ne quittera jamais sa femme et qui, pourtant, a besoin de s'abreuver à la jeunesse, mais surtout à l'énergie créatrice de sa muse auteure-compositeure-interprète. L'amour qu'il ressent pour elle est-il forcément moindre? Doit-il être dénigré parce qu'on l'associe directement ou indirectement à une certaine lâcheté? Encore une fois, tout est question de point de vue... N'a-t-il pas au fond autant - sinon plus - besoin d'elle qu'elle de lui?