vendredi 5 juin 2015

Sisyphe

Quelle étrange impression de se retrouver sur une scène de théâtre hier! J'ai pris part à des centaines de concerts au fil des ans, en solo aussi bien qu'en tant qu'accompagnatrice, monté des marches, froissé les rideaux de coulisses. Avec une certaine appréhension parfois, mais toujours, avec une joie presque viscérale à jouer, surtout avec d'autres.

Et là, hier, une impression étrangement autre sur la scène du Théâtre d'Aujourd'hui, surtout au moment où je suis devenue presque malgré moi Sisyphe (je pardonne volontiers à S de m'avoir inscrite sous le nom de Lucifer, devenu par la magie de la voix de synthèse Lucie-fée, ce que je préfère au fond). En souriant, je me suis coiffée d'un étonnant chapeau de papier blanc, aux longues franges, cheveux peut-être, ai récité quelques lignes de texte, karaoké style (la syllabe s'éclairant au fur et à mesure), avant de mourir sous les rayons laser (pourquoi pas?). J'ai repensé à cette histoire, à cette roche qui déboule de nouveau à chaque fois que Sisyphe pense l'avoir menée au sommet, punition des dieux sans doute pour avoir osé braver la mort et avoir usé d'un subterfuge pour en revenir.

Je suis vite redevenue simple spectatrice, me sentant protégée, portée par ces récits mythologiques qui m'ont toujours captivée, qui ont rendu ces trois années de latin mémorables et puis là, coup de théâtre, j'ai dû affronter de nouveau la lumière, un micro, et chanter Voyage voyage de Desireless. Rien que ça...

« Au-dessus des capitales, des idées fatales »... « dans l'espace inouï de l'amour »... « et jamais ne reviens »... « voyage voyage, ne t'arrête pas! » Et si les mots et la musique suffisaient au fond?

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