M est passée tout à l'heure. J'ai sorti de la crème d'asperges du congélateur, ai bricolé une salade, elle avait apporté des biscuits. Un truc à la bonne franquette, sans chichi, une conversation à bâtons rompus, notamment sur la nature même du geste artistique, sur cette quête de l'identité créatrice qui n'habite pas tout le monde de la même façon. (Il était question ici de peintres et de sculpteurs, mais la donne vaut aussi pour musiciens, danseurs ou autres.)
Nous nous sommes ensuite dirigées vers la salle de musique, avons sorti les œuvres pour quatre-mains de Mozart, traversé deux sonates. (Elle a choisi la première, en fa; j'ai choisi la seconde, en do.) Des chausse-trappes ici et là, des croches en apparence simplistes qui se transforment en triples croches effervescentes, en sextolets, des gammes qui se poursuivent d'un interprète à l'autre.
Mozart ne pardonne pas dans ce type de passages, surtout quand il doit être exécutés par deux interprètes. Et pourtant, Mozart n'est-il pas au fond le pardon même, celui qui accepte tous les travers, toutes les blessures? Seulement si on ose se dévoiler entièrement devant lui, geste pas toujours facile à assumer entièrement. Je n'ai pas fini de découvrir ses subtilités et c'est tant mieux. J'ai encore - du moins je l'espère - de longues années pour continuer à le faire.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire